Période
XIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Ancienne abbaye (cloître, église abbatiale, bâtiments conventuels) (cad. ZS 36, 37) : classement par arrêté du 30 septembre 1994 ; Anciennes dépendances de l'abbaye : assises de l'ancien logis abbatial (cad. ZS 35) , anciennes écuries (cad. ZS 40) , anciens communs de ferme (cad. ZS 94, 95) : inscription par arrêté du 30 septembre 1994 ; En totalité, la tour sud-ouest de l'ancienne abbaye de Blanche-Couronne, figurant au cadastre section SZ sur la parcelle n°38, selon l'emprise délimitée par un trait rouge sur le plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 3 juillet 2020
Origine et histoire de l'Abbaye de Blanche Couronne
L'abbaye Notre-Dame de Blanche-Couronne, ancienne fondation bénédictine située à La Chapelle-Launay en Loire-Atlantique, est attestée dès 1161 et pourrait avoir des origines cisterciennes, l'architecture de son église à chevet plat et ses liens avec l'abbaye de la Grainetière alimentant ce débat. L'église abbatiale, datée du XIIe siècle, est à vaisseau unique, couverte en charpente et coiffée d'une flèche également en bois ; sa façade ouest, articulée par un grand arc brisé, a été modifiée à la base par l'ouverture d'une porte de grange. Les quatre ailes du logis conventuel s'organisent autour d'un cloître du XVIIIe siècle, vestige de la reconstruction entreprise lors de l'adhésion de la maison à la réforme mauriste et des travaux de 1743. La salle capitulaire conserve une façade romane à trois arcades brisées, chacune encadrant des fenêtres géminées retombant sur des colonnettes ; seules certaines dispositions d'origine ont été restituées. Parmi les éléments décoratifs, la façade sud porte le blason sculpté de Jean Briçonnet, premier abbé commendataire, et une peinture murale du XIVe siècle subsiste dans un enfeu du mur nord. Un évier daté de 1274, vraisemblablement issu d'une tombe du XIIIe siècle, est encore conservé. Au fil des siècles, les abbés de Blanche-Couronne exercèrent des pouvoirs seigneuriaux importants, percevant dîmes et rentes, imposant le banal et rendant justice haute, moyenne et basse sur leurs fiefs. L'abbaye, qui a connu des abbés notables et plusieurs épisodes de réforme, fut reprise par les bénédictins de Saint-Maur au XVIIIe siècle ; les derniers moines la quittèrent en 1774 et les bâtiments furent vendus comme biens nationaux pendant la Révolution. Après la vente en 1791, la propriété passa entre différentes mains familiales au XIXe siècle, dont les familles Laval et Lecadre, avant d'accueillir à la fin du siècle des membres de la famille Toulmouche et leur cercle artistique. Le département acquit l'ensemble en 1922 puis l'ancienne abbaye connut différentes utilisations au XXe siècle, hébergeant des troupes anglaises, subissant l'occupation allemande et servant de refuge pendant les bombardements. Une association, les Compagnons de Blanche-Couronne, tente aujourd'hui d'animer le site, qui a fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques en 1994, complétée par l'inscription de la tour sud-ouest en 2020 ; la propriété est désormais partagée entre la commune et l'association. L'importance historiographique du lieu se reflète dans de nombreux actes et donations conservés, ainsi que dans l'existence de plusieurs prieurés et dépendances agricoles et salicoles répartis dans la région, parmi lesquels figuraient des implantations à Saint-Hilaire-du-Tertre, Pontchâteau, Sainte-Catherine-de-l'Angle-Chaillou, Portau et la Madeleine d'If. Les archives de l'abbaye documentent une longue série de donations, d'aveux et de nominations de prieurs et d'abbés, qui témoignent de son ancrage dans le réseau seigneurial et ecclésiastique local. Les vestiges architecturaux et les éléments mobiliers conservés offrent un aperçu des évolutions stylistiques et fonctionnelles du XIIe au XVIIIe siècle, entre roman, transformations médiévales et réaménagement mauriste.